Strøm Spa: quand ton rêve part en fumée

Le 26 décembre 2016, en plein congé des fêtes, le réveil est brutal pour Guillaume Lemoine et Serge Beauchemin. Un violent incendie s’est déclaré dans un sauna sec du Strøm spa nordique Mont-Saint-Hilaire. Moins d’une semaine auparavant, les deux associés avaient inauguré une nouvelle partie, après d’importants travaux d’agrandissement. Un investissement de plusieurs millions parti en fumée. Heureusement, les deux entrepreneurs ont été en mesure de passer au travers de cette épreuve, mais il leur a fallu de la patience, de la résilience et un bon coup de main de la part de leur assureur, parce qu’on ne relève jamais ce genre de défi seul.
Homme regardant la caméra avec bâtiment brulé floutté en arrière plan

Vous souvenez-vous de votre réaction quand vous avez appris la nouvelle?

Guillaume Lemoine : Le 26 décembre, je prenais une journée de congé au chalet. J’ai reçu l’appel de mon directeur des services techniques, qui m’a annoncé qu’il y avait un incendie au spa. J’ai tout de suite sauté dans ma voiture pour aller voir ce qui se passait et m’assurer que toute l’équipe était en sécurité.

Serge Beauchemin : Guillaume m’a appelé et m’a dit : « Es-tu bien assis? » J’étais plutôt couché à ce moment-là. Il m’a annoncé que l’incendie s’était déclaré dans le bâtiment principal et que tout était en train de flamber. Évidemment, la première question que je lui ai posée, c’est : « Est-ce que tout le monde est correct? » Heureusement, il n’y avait pas de blessés.

Je m’en souviens encore : je roulais sur le bord de la rivière Richelieu, d’où l’on voit très bien le mont Saint-Hilaire. Je voyais cette grosse colonne de fumée qui coupait la montagne en deux et qui s’en allait vers le nord. C’était à pleurer.

Vous veniez de terminer d’importants travaux d’agrandissement quand l’incendie s’est déclaré. Est-ce que la nouvelle partie a été touchée?

G : On venait tout juste de doubler la superficie du spa. On avait réalisé les travaux de construction tout en maintenant nos services. Ç’avait été une année très exigeante. La nouvelle partie a été inaugurée le 19 décembre; le 26, on passait au feu.

La nouvelle aile était protégée par des portes coupe-feu, mais l’incendie a été si violent qu’il s’est propagé par le système de ventilation. Les conduits de ventilation, le système électrique et la plomberie ont fondu. Il y a eu tellement de fumée que nous avons dû démolir une bonne partie de la nouvelle section. On n’a pu préserver que les fondations, les murs extérieurs et le toit.

Près d’une centaine d’employés se sont retrouvés sans emploi du jour au lendemain. Avez-vous été en mesure de les aider?

G : Oui, c’est sûr. On a essayé d’agir en bons pères de famille. Notre assureur, Intact Assurance, nous a permis de maintenir le salaire de certains employés clés. Nous avons aussi réaffecté ceux qu’on pouvait dans nos autres établissements [à Sherbrooke et à L’Île-des-Sœurs] et appelé des spas concurrents pour leur proposer nos ressources. On n’a malheureusement pas pu garder tout le monde, mais on les a au moins soutenus pendant plusieurs semaines, le temps qu’ils trouvent autre chose.

La reconstruction du spa a duré près de deux ans. Comment avez-vous tenu le coup entre-temps?

G : Dans mon cas, ç’a été de la résilience. On n’avait pas le choix, le spa avait brûlé, il fallait qu'on continue. On avait tous le désir de faire quelque chose d’encore mieux. On savait que notre domaine à Saint-Hilaire avait vraiment une énergie spéciale en raison de sa proximité avec la montagne. On voulait recréer quelque chose d’encore plus fantastique pour nos clients.

S : Techniquement, au niveau opérations, on s’est retrouvés sans revenus pendant dix-huit mois, avec les employés à payer, les prêts à rembourser et la reconstruction à financer. On a réussi à rester à flot en partie grâce à nos autres opérations, mais aussi grâce au règlement de notre assurance.

Vous n’avez jamais songé à jeter l’éponge et fermer boutique?

S : Jamais. En regardant l’incendie ce matin-là, on ne savait pas comment on passerait au travers ni comment on ferait pour continuer le lendemain et les semaines suivantes. Mais une chose était claire, on allait se serrer les coudes pour y arriver.

Diriez-vous que votre détermination est encore plus grande maintenant que vous avez réussi à surmonter cette épreuve?

S : Pour moi, ce projet-là, c’est plus qu’un investissement à titre d’actionnaire. C’est mon entreprise. Ce drame a eu comme effet de me rapprocher encore davantage de l’entreprise et des gens qui ont été touchés par tout ça. Je crois que cela nous a rendus plus forts. Plus sages, aussi. On fait maintenant plus attention à la prévention au quotidien.

G : Je pense qu’on a réussi à reconstruire quelque chose que les clients aiment encore plus. On connaît un super beau succès. Ça aide à passer à la prochaine étape. Plusieurs de nos employés qui étaient partis travailler ailleurs sont revenus. On attribue cela à un certain bien-être que le Strøm leur apporte, autant par sa culture que par son milieu de travail.

S : Ce genre d’épreuve, ça a du bon et du pas bon. On a essayé de se concentrer sur le côté positif. Ça a créé une équipe au cœur solide.

Finalement, quel conseil offririez-vous à d’autres entrepreneurs pour bien se préparer en cas d’imprévu?

G : Même avec une bonne assurance, dix-huit mois sans revenus, c’est l’enfer. Il faut donc tout mettre en place pour éviter ce genre de catastrophe. L’important est de bien connaître les risques dans son domaine. Et pour chaque risque, poser les bons gestes de prévention.

S : Certains risques sont inévitables. On peut être blindé en matière de prévention, on n’est jamais totalement à l’abri d’un incendie ou d’un cambriolage. Un entrepreneur peut avoir un certain niveau de tolérance aux imprévus, mais il y a certains risques qu’on ne devrait jamais laisser au hasard.

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